J’avais publié il y a bien longtemps longtemps deux articles sur les bénéfices que l’on pouvait ressentir en adoptant un mode de vie plus minimaliste (ici et là). Mais je me suis dit que pour être complète sur le sujet il faudrait aussi aborder ses inconvénients ou risques. En effet le choix de ce mode de vie expose à quelques risques, dont certains sont plutôt incongrus.
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L’addiction au désencombrement
Lorsqu’on commence à désencombrer sa maison, on ressent généralement un grand sentiment de satisfaction. Un sentiment de libération est aussi très souvent présent qui pousse à continuer encore et encore. On en arrive même parfois à être obsedé par le désencombrement, ce qui au final n’est pas mieux… Le minimalisme c’est se détacher des objets pour se concentrer sur l’essentiel. Cela signifie donc de ne pas être totalement focalisé sur le toujours plus, mais pas non plus sur le toujours moins. Pour la petite histoire, au début de notre grand désencombrement j’étais tellement à fond que mon mari m’a un jour lancé en plaisantant (à moitié ^^ ) qu’il espérait ne pas se faire désencombrer au bout d’un moment.
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Rester prisonnier de la surconsommation
Il est important de distinguer un mode de vie minimalite d’une maison, déco ou style minimaliste.
On peut tout à fait avoir un intérieur minimaliste tout en étant toujours dans une consommation effreinée. Certaines personnes continuent à acquérir beaucoup de choses en permanence. Mais ces objets ont un cycle de vie chez eux ultra court. Ils renouvellent en permanence leurs possessions, et les objets occupent donc une grande place dans leur vie.
J’avais au début de notre cheminement l’envie de remplacer ce que nous possédions par de meilleures versions, plus écologiques, plus esthétiques, dans des matériaux plus durables. Mais bien sûr, je me suis vite ravisée tant il est clair que le plus durable est d’utiliser l’objet jusqu’au bout avant de se tourner vers un nouvel objet. Et puis tant que quelque chose fait le job correctement, je préfère porter mon attention sur autre chose.
Mais il y a tellement de sollicitations partout autour de nous… Les publicitaires sont très forts, et le terme d’influenceur n’ai pas né par hasard… Alors c’est un vrai risque pour beaucoup de personnes. Je pense qu’on n’est pas alors vraiment dans un mode de vie minimaliste. Lui, est basé sur un vrai changement de mode de consommation, un détachement du matériel. C’est ce changement de perspective qui permet de se consacrer davantage à ce qui compte vraiment, la famille, une passion, ou que sais-je encore.
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La Supermarchéphobie
Depuis que j’ai simplifié notre quotidien, à chaque fois que je vais dans un grand supermarché, je me sens mal a l’aise. cela tient aussi au fait que nous ne mangeons (quasi) plus de produits industriels. Du coup, je ne sais pas où regarder. Il y a trop de choses partout, trop de gens, trop de bruit, trop de choix, trop de sur-emballage, et souvent trop d’ingrédients dans les produits.
Et je me retrouve bien souvent limite perdue, à errer dans les rayons comme une âme en peine sans savoir quoi mettre dans mon caddie. Généralement je ressors du supemarché avec peu de choses. Je prends les quelques trucs qu’on ne trouve pas ailleurs. Et presque tout le temps, je repars avec moins que ce que j’avais prévu d’acheter. Parce que oui le concombre bio il y en a, mais que cela me fait trop mal au coeur d’en prendre un avec un film plastique autour… (#phobiqueduplastique). Je me sens bien plus à l’aise dans notre petit magasin bio de quartier, ou les boutiques de vrac. Là, il y a une seule variété de chaque produit, sans packaging tape à l’oeil. Et c’est bien suffisant.
Et je ne parle même pas de mettre les pieds dans les grands centres commerciaux, ou dans les enseignes de fast fashion… Vous aussi vous ressentez cela?
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Le sentiment de décalage
En parlant de fast-fashion ou de mode tout simplement, quand la frénésie de soldes touche les gens que je connais et que je dis qu’on ne les fait pas parce que nous n’avons besoin de rien, j’ai parfois droit à des regards interloqués…Comme si je ne savais pas profiter d’une bonne affaire. La surprise est aussi une réaction courante lorsque je refuse un énième tote-bag dans une boutique. Je refuse aussi les échantillons gratuits, ou cartes de fidélité. Mais madame, enfin, c’est gratuit??!!
Naturellement notre cercle de connaissance s’est tourné peu à peu vers des gens partageant les mêmes valeurs que nous. Alors ce sentiment est moins présent aujourd’hui. C’est aussi grace à vous. Au moment où je me sentais vraiment comme un ovni parmi mes collègues, cette communauté sur les réseaux sociaux m’a permis de m’aider à ancrer ces nouvelles habitudes, en me permettant de me sentir moins seule et soutenue. Et aujourd’hui on peut constater que cela touche des gens qui n’etaient pas du tout réceptifs avant. Même si je vous l’accorde ce n’est pas encore la panacée.
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L’incomprehension de notre entourage parfois
Il nous est arrivé au début que notre souhait de ne pas recevoir de cadeau. On a aussi dit à haute voix qu’on ne voulait pas offrir aux gens des choses dont ils n’avaient pas besoin. cela a parfois été vécu comme de la radinerie de notre part. En effet le fait de ne pas vouloir de cadeau incluait tacitement de ne pas en faire.
Je pense aussi au fait de ne pas avoir certaines choses chez nous (cafetière, sèche-linge, imprimante, produits de nettoyage conventionels, tous les exemples ne me reviennent pas là tout de suite…), tout simplement parce que nous n’en avons pas l’usage alors que beaucoup de foyers en ont, et que eux les utilisent. Cela surprend parfois mon interlocuteur, au hasard d’une discussion. On a tendance parfois à penser, à tort, que puisque cela nous est utile à nous, ce serait le cas pour d’autres.Ce n’est pas de la radinerie,. Juste le bon sens de ne posséder que ce qui nous utilisons vraiment. Et celui de ne rien vouloir recevoir quand nous n’avons besoin de rien.
Bien sur c’était surement parce que nous expliquions mal nos choix et nos envies (ou non envies). Avec le temps, nous avons modifié notre façon de parler de notre mode de vie. Notre entourage comprend maintenant très bien nos choix et ce pourquoi nous les avons fait. Nous continuons à recevoir des cadeaux mais en accord avec nos modes de vie. Ce sont souvent des choses consommables qui ne nous encombrerons pas. Nos proches nous demandent aussi ce dont nous pourrions avoir besoin quand ils veulent nous offrir quelque chose.
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Mal communiquer autour de son mode de vie
Et oui, là clairement je peux plaider coupable… En fait je crois que nous sommes nombreux dans ce cas. Je m’explique: lorsqu’une nouvelle habitude révolutionne littéralement notre mode de vie, on est tellement bluffé, et heureux qu’on a envie que le monde entier en découvre les bienfaits. Notre enthousiasme déborde. On aimerait que tout le monde ait cette même révélation. On en parle alors beaucoup autour de nous. Et ce faisant, on oublie souvent qu’il y a encore peu de temps, nous n’en étions pas là… Parfois même on ne comprend pas comment nos proches peuvent ne pas comprendre cela et tout de suite adopter eux aussi ce mode de vie. On en parle du coup beaucoup, et souvent trop et pas bien, au risque de braquer nos interlocuteurs.
Nos proches peuvent en effet recevoir notre discours comme un jugement sur leur propre mode de vie, entendant que notre de mode de vie est bien, et le leur mauvais. Pour avoir fait cette erreur de ne pas suffisamment me poser la question de comment mon discours était reçu par l’autre, je vous invite vraiment à être vigilant sur la façon dont vous partagez votre cheminement, si vous en parlez à votre entourage.
Si on ne peut pas résister à l’envie de partager notre découverte, on peut raconter notre expérience en mentionnant quelles etaient nos difficultés avant, ce que nous avons essayé de changer et quel ressenti positif on a, toujours en précisant que ce n’est que notre point de vue à nous, et pas une vérité universelle. Nos interlocuteurs se montrent alors beaucoup plus réceptifs.
On peut aussi choisir de ne pas en parler directement, et laisser les gens réaliser notre mieux-être, ou voir le changeemnt à notre domicile lors de leur visite. Ils poseront peut-être des questions auxquelles on pourra répondre en partageant uniquement notre propre expérience et notre ressenti, et qui sait, cela éveillera peut-être leur curiosité. Notre cheminement a pris du temps, il n’y a pas de raisons qu’il en soit autrement pour les autres.
Et les au cas où alors?
Et finalement le côté négatif du minimalisme que tout le monde s’imagine je ne l’ai jamais vécu. Non il ne m’est jamais arrivé de regretter d’avoir désencombré un objet. Le cas où un ‘au cas où’ aurait été subitement vital n’est jamais apparu. Les choses que nous n’avons pas ne nous manquent pas. Et si on en besoin ponctuellement, nous trouvons toujours un moyen de faire sans, ou nous les empruntons temporairement.
Si vous vous êtes déjà lancé dans ce mode de vie, avez-vous aussi perçu ces risques et peut-être rencontré certains d’entre eux? Ou bien d’autres? Je serai curieuse de savoir.
Emm.
Redécouvrez les autres articles consacrés au désencombrement et au minimalisme:
- le désencombrement étape nécessaire
- les bénéfices immédiats du minimalisme
- les bénéfices secondaires du minimalisme
- gratitude et minimalisme – de l’importance de ne pas oublier pourquoi
- 7 méthodes pour désencombrer votre intérieur
- Désencombrer avec les enfants
- 6 livres sur le minimalisme
- Par où commencer son désencombrement
La Supermarchéphobie, je connais bien. Et pourtant, je ne suis pas minimaliste. Comme vous, je me sens perdue, mal à l’aise. Je suis contente d’être moins seule.
Je pense qu’on est plus nombreux que ce que l’on pense a ressentir cela devant cet étalage de ‘trop’, et pas besoin d’être minimaliste pour cela.
Je partage ce même sentiment sur la supermarchophobie… Tout ce monde et ces caddies remplis à ras bord… Et c’est vrai qu’on peut passer pour des radins…C’est vrai que j’essaie de consommer le moins possible ou des articles de seconde main pour les vêtements par exemple mais oui, je passe pour une radine… Ben ça me rassure finalement..!
Tout à fait d’accord et quand l’on voit le gaspillage alimentaire , je suis devenue accro au désencombrement et je me retrouve avec pleins de caisse d’objet qui n’ont aucun intérêt pour moi mais avec lesquelles j’ai déménagé de chez mes parents il y a une quinzaine d’année lol … Le minimalisme apaise et permet de se consacré aux choses essentielle . On se sent seul en tant que minimaliste malgré que le regard des autres ne nous touche pas mais connaitre des gens qui partage notre style de vie fait beaucoup de bien .